SEL Saint Quentin en Yvelines

L’expérience du SEL de Saint Quentin en Yvelines, menée entre 1995 et 2001 a montré comment certains mécanismes monétaires adéquats permettent de maîtriser et piloter l’économie de marché, très efficace mais instable, d’éviter ainsi les résurgences périodiques des crises économiques, et in fine de créer une économie au service du plus grand nombre. Le SEL de Saint Quentin en Yvelines existe toujours aujourd’hui

La genèse et les objectifs initiaux du SEL de Saint Quentin en Yvelines

Les objectifs initiaux du Système d’Echange Local – SEL de Saint Quentin en Yvelines étaient :

  • Lutter contre le chômage
  • Créer un système monétaire alternatif permettant de pallier aux manquements du système monétaire et financier existant
  • Permettre à des personnes en difficulté financière de participer néanmoins à la vie économique et sociale
  • Aider les personnes en situation d’exclusion ou de précarité économique

Le SEL de Saint Quentin en Yvelines a été créé en octobre 1995, à la suite d’une période d’analyses et de réflexions menées par Armand Tardella à partir de 1990 sur les causes du chômage, et les solutions possibles de retour au plein emploi.

L’idée générale sous-jacent à cette création était :

  • Si nous disposions d’une monnaie locale non-convertible, nous pourrions réaliser une relance économique dans cette monnaie-là sans risque de fuite des capitaux, ni de déficit de balance commerciale.

Fonctionnement du SEL

Le SEL de Saint Quentin en Yvelines est une association. Chaque adhérent possède un compte, analogue à un compte bancaire, crédité ou débité en fonction des échanges de produits et services effectués avec les autres adhérents. Le SEL édite périodiquement un catalogue de produits et services, représentant la compilation de tous les produits et services proposés par chaque adhérent au moment de leur adhésion.

Le SEL édite aussi périodiquement la liste de ses adhérents avec leur coordonnées et leurs offres, de manière à ce que chaque adhérent puisse contacter et échanger librement avec les autres adhérents.

Lorsque l’adhérent Pierre rend un service à l’adhérent Paul, Pierre et Paul se mettent d’accord sur un prix, par exemple 30€, et lorsque le service est rendu, le compte de Pierre est crédité de 30 et celui de Paul est débité de 30. Les comptes peuvent être négatifs, sans être soumis à des intérêts.

Ainsi, le SEL a, de base, une fonction de banque, voire de banque centrale, et une fonction de mise en relation.

Cependant, de manière à pouvoir réaliser des relances, voire un pilotage économique du réseau d’adhérents, le système a été complété de la manière suivante :

  • Le 1er janvier 1997, le SEL a distribué 150€ (en comptes internes) à tous les adhérents, et a décidé d’allouer 150€ à chaque nouvel adhérent.
  • Le SEL ayant à cette époque environ 100 adhérents, le compte du SEL, pour équilibrer les comptes, a été débité de 15000€ à cette date. On a donc créer une “dette” de 15000€
  • Pour rembourser cette dette, il a été décidé de ponctionner une “cotisation d’assurance solidaire” de 3% par mois sur les comptes créditeurs, et non, comme c’est le cas général, de ponctionner une commission sur chaque échange.

Les résultats de l’expérience du SEL

Les résultats de cette expérience sont publiés dans un article publiée en 1999 dans Les Cahiers du Gratice. On peut les résumer de la manière suivante :

  • Le flux des échanges ont été multipliés par 3,5 en un mois, et est resté ensuite à ce niveau. On a donc bien effectué une relance dans le SEL (cf article du Gratice)
  • Le remboursement de la dette s’est effectué normalement, sans opposition des adhérents. On peut dire que la population ne s’oppose pas au paiement d’un impôt, lorsque celui-ci favorise la prospérité générale.
  • Ce mécanisme monétaire alternatif a permis de piloter l’économie du réseau d’adhérent en fonction de la politique décidée par la population, car il inverse la logique de la dette (ref CIEDESS).
  • L’analyse des résultats de cette expérience a permis la conception du projet CIEDESS, comme une transposition à un niveau macro-économique de cette expérience micro-sociale

Sur le même sujet