Dans le dernier article, je disais que les banquiers ne seraient probablement pas très favorables à l’intérêt négatif, mais qu’ils pourraient finalement s’en accommoder, par intérêt, et que par contre les économistes s’y opposeraient violemment, par idéologie.

L’opposition épidermique des économistes à l’intérêt négatif

L’intérêt négatif ne fait manifestement pas recette chez les économistes. Du coup, ma relation personnelle avec les économistes n’a pas été très simple.

Lorsque j’ai commencé ma réflexion au début des années 90 sur les causes du chômage, et la manière d’y remédier, j’ai lu des tas d’articles d’économistes exposant leur analyse du problème et leur propositions pour améliorer la situation. J’ai aussi lu des tas de livres d’économie pour comprendre les différentes théories que les économistes avaient élaborées depuis le 18ième siècle, et voir s’il y avait déjà dans tous ces travaux des solutions au problème du chômage.

Personnellement, je n’ai rien trouvé de très probant, et en tout cas d’applicable à la situation de l’époque. Il est donc vrai que je n’ai eu de beaucoup de relations avec des économistes dans cette période. De plus, ce n’était pas mon milieu, puisque je venais du monde la physique, et ce n’était donc pas facile de se rencontrer.

Mon premier réel contact avec le monde de l’économie a eu lieu en 1999, lorsque j’ai participé à un colloque sur les monnaies alternatives organisé par l’université de Créteil. J’avais été sollicité, je ne sais plus de quelle manière, pour écrire un papier sur le SEL de Saint Quentin dans lequel j’avais réalisé une expérience monétaire, et pour le présenter à ce colloque.

Et là, lorsque nous dirigions vers la salle de conférence, avant même qu’elle débute, je me suis fait violemment prendre à partie par un jeune économiste que je ne connaissais pas, mais qui par contre semblait me connaître, ou du moins l’article j’avais écrit. Il m’a vociféré des propos agressifs sur l’ineptie de l’intérêt négatif que j’avais osé proposé dans mon papier (soupir…)

L’intérêt négatif : une révolution copernicienne

Mon second contact, indirect, avec un économiste a eu lieu quelques années plus tard, lorsque j’ai voulu présenter mon projet de coopérative d’échange à un évêque de la Conférence des Evêques de France (CEF). J’avais pensé que les valeurs de ce projet étaient compatibles avec celles de l’Eglise. J’ai donc rencontré l’évêque qui s’occupait des questions économiques au sein de la CEF, et je lui ai présenté le projet. Il m’a écouté avec bienveillance. Il m’a dit qu’il y réfléchirait et qu’il reviendrait ensuite vers moi. Cependant, il a transmis mon document de présentation à un de ses conseillers économistes. Et c’est ce dernier qui m’a répondu. Il m’a écrit une lettre me disant, je schématise, que ma proposition d’intérêt négatif était complètement idiote, et qu’il fallait faire ci, et qu’il fallait faire ça…

Mon dernier contact en date avec un économiste a eu lieu il y a simplement un an environ. J’avais contacté un économiste se présentant comme “pensant différemment des économistes classiques”, en me disant qu’il pouvait donc être intéressé par ce projet “différent”. J’ai eu quelques conversations téléphoniques avec lui pour lui parler rapidement du projet, et je sollicitais un rendez-vous pour lui présenter le projet de manière plus détaillée.

Il ne m’a finalement pas donné de rendez-vous, car “lorsqu’on adopte un intérêt négatif, cela signifie qu’on a plus confiance dans l’avenir que dans le passé, et que si c’était le cas, ça se saurait”…

En définitive, j’en conclus que les économistes ne peuvent pas envisager que l’intérêt puisse être négatif. Ce serait une révolution copernicienne pour eux !!! Et pourtant, elle tourne !!!

Le seul économiste, oublié, qui a pu envisager, et même proposé que l’intérêt soit négatif, est Silvio Gesell, dont je vous parlerai dans les prochains articles. Mais, il n’était peut-être pas réellement économiste…

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